BEYROUTH (Reuters) - Le flot de combattants européens venus rejoindre l'Etat islamique (EI) est en train de se tarir en raison de la surveillance plus stricte mise en place par les Etats européens, indiquent des combattants du groupe fondamentaliste sunnite.
Des combattants en Syrie et en Irak contactés par Reuters estiment toutefois que l'impact est limité sur le champ de bataille dans la mesure où les combattants européens ne représentent qu'une petite partie des forces de l'EI.
"Actuellement, la plupart des combattants (étrangers) viennent des pays d'Asie, comme le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Ce sont de durs combattants", a déclaré à Reuters via internet un membre de Daech qui a combattu avec le groupe en Syrie et en Irak.
Certains soulignent aussi que les restrictions mises en place pourraient se retourner contre les pays européens, les candidats au djihad privés de Proche-Orient pouvant être encouragés à agir à l'intérieur de leurs pays.
La présence de combattants étrangers a suscité une attention particulière en Occident l'an dernier avec l'apparition dans des vidéos de décapitation d'otages américains et britanniques d'un homme à l'accent britannique. Les pays européens ont procédé à des arrestations de personnes recrutant pour l'Etat islamique. Plusieurs ont voté des textes autorisant la confiscation des papiers d'identité des candidats au djihad.
Ce genre de mesures montre que l'importance de l'EI est reconnue, estime un de ses partisans syriens.
A LA LÉGÈRE
"Au début, ces pays nous ont pris à la légère; ils pensaient que les combattants viendraient ici et mourraient. Mais ce qu'ils n'ont pas vu venir était qu'ils ont reçu un entraînement et ont commencé à prendre contact avec leurs amis et leurs proches pour qu'ils les rejoignent", dit le partisan syrien qui vit dans un territoire tenu par l'EI.
L'organisation, sous le feu des bombardements des avions de la coalition internationale, est désormais obligée de livrer des batailles sur plusieurs fronts, à la fois en Irak et en Syrie, tout en essayant d'administrer les zones sous son contrôle. Mais par ailleurs, des combattants se réclamant de l'EI sont apparus dans plusieurs pays, notamment en Libye et en Egypte.
Selon plusieurs de ses membres, l'EI disposerait de 60.000 combattants en Irak et en Syrie, pour la plupart des musulmans sunnites du cru.
La France, particulièrement attentive après les attentats djihadistes qui ont fait 17 morts début janvier à Paris et Montrouge, a décrété la "mobilisation générale" fin janvier. Elle a annoncé le déblocage de 736 millions d'euros sur trois ans.
Une partie des mesures annoncées sera incluse dans la loi sur le renseignement qui devrait être présentée en mars au Parlement, en vue d'une adoption définitive début juin.
Quelque 400 Français sont en Syrie, estiment les autorités, 180 sont rentrés en France et 200 seraient quelque part en Europe en train d'essayer de rejoindre Daech.
En Allemagne, un projet de loi prévoit une confiscation des papiers d'identité pendant une période pouvant atteindre trois ans pour les candidats au djihad. Quelque 550 Allemands ont rejoint les combats en Syrie, selon les autorités qui estiment à 180 le nombre de ceux qui sont revenus.
OBJECTIF: ROME
Les autorités britanniques chiffrent à 600 le nombre de personnes parties au combat; 300 seraient rentrées. La police est désormais autorisée à saisir le passeport des ressortissants britanniques qui tentent de quitter le pays pendant une période de 30 jours maximum et peut aussi empêcher les Britanniques soupçonnés d'être liés à l'EI de rentrer au Royaume-Uni.
Malgré la répression engagée par les pays européens, l'EI continue à recevoir de nouveaux combattants via les pays voisins. Le passage par la Turquie reste le principal moyen de rejoindre l'EI, explique-t-on dans les milieux djihadistes.
Le gouvernement turc, qui s'est vu reprocher par les pays occidentaux son laxisme dans le contrôle de sa frontière avec la Syrie, a renforcé ses contrôles, indiquent les observateurs.
L'armée turque a annoncé ce mois-ci avoir interpellé près de la frontière 19 personnes, dont 13 étrangers, qui avaient l'intention de rejoindre l'EI.
"Nous avons l'impression que la Turquie se montre plus sévère", a déclaré un diplomate occidental à Reuters.
Selon des opposants à l'EI se trouvant en Syrie, des tensions au sein de l'EI seraient apparues et certains membres, principalement des étrangers, seraient en fuite. Les combattants démentent.
"Les étrangers ne sont pas en train de quitter l'Etat. En deux mois, à Baïdji, nous en avons reçu 180. Dans un des camps d'entraînement ici, 40% des combattants sont des étrangers", a dit un combattant basé en Irak. Baïdji, site de la principale raffinerie d'Irak, est l'un des champs de bataille les plus importants entre l'EI et l'armée irakienne.
L'organisation vise l'Europe depuis sa création. Dans nombre de ses vidéos, ses membres déclarent que l'un de ses objectifs est "Rome", terme qui englobe l'Europe chrétienne en général.
L'EI encourage actuellement ce qu'elle appelle les "loups solitaires" à mener des attentats en territoire européen.
"S'ils ne peuvent pas venir ici, ils continuent à combattre ces infidèles à l'intérieur des pays dans lesquels ils vivent", dit un combattant qui dit s'appeler Bakr.
(Avec John Irish à Paris, Alexandra Hudson à Berlin, Johnny Hogg en Turquie et Sam Wilkins à Londres; Danielle Rouquié pour le service français.
ReutersPar par Mariam Karouny | Reuters – il y a 1 heure 16 minutes
fournie par Yahoo.fr
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