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jeudi 28 mai 2015

L’écrivain Dany Laferrière, premier Haïtien à l’Académie française


AFP – L’écrivain haïtien Dany Laferrière, qui vit désormais au Québec, a été reçu mercredi à l’Académie française, où il occupera le fauteuil numéro 2, qui fut jadis celui de l’Immortel Montesquieu. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, l’écrivain Dany Laferrière, qui sera le premier Haïtien et le premier Québécois à siéger sous la Coupole, a été reçu mercredi à l’Académie française. À 62 ans, il va succéder à l’écrivain d’origine argentine Hector Bianciotti et occupera le fauteuil numéro 2, qui fut jadis celui de Montesquieu et d’Alexandre Dumas fils. Natif de Port-au-Prince, il a été élu à l’Académie française en décembre 2013 au premier tour. Fils de l’ancien maire de la capitale haïtienne, contraint à l’exil lorsque le dictateur Jean-Claude Duvalier prend le pouvoir, Dany Laferrière doit vite abandonner la capitale pour être confié à sa grand-mère, Da, dans le village de Petit-Goâve. Auprès de cette femme cultivée à qui il a rendu un hommage émouvant dans son livre « L’odeur du café », il va se familiariser avec les mots, lisant tout ce qui est imprimé y compris, raconte-t-il, le magazine « Tel Quel » auquel il « ne comprenait rien ». Il va surtout s’imprégner de la compagnie des femmes, racontant en riant comment ces femmes dont sa tante, bibliothécaire, l’habillait avec des habits de filles. 150526_en1ur_aetd_academie_francaise_paris_sn635 L’Académie française, à Paris Photo : LIONEL BONAVENTURE/AFP/Getty Images Il a vécu « comme un clohard » à Montréal Quand Bébé Doc succède à son père, le sinistre Jean-Claude Duvalier, Dany Laferrière prend à son tour le chemin de l’exil. Comme beaucoup d’Haïtiens, il s’installe à Montréal où longtemps il a vécu « comme un clochard », travaillant au noir dans des tanneries, avant de connaître un succès fulgurant avec son premier livre, « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » publié en 1985. Il est aujourd’hui un personnage incontournable de la scène culturelle canadienne. Depuis, ses livres, dont beaucoup reviennent sur son enfance à Haïti, se sont enchaînés. En peu de mots, Dany Laferrière réussit à dépeindre le foisonnement de la nature, la vie grouillante des villes. Il refuse de se laisser enfermer dans l’image de « l’écrivain noir ». « La langue est à tout le monde » Avec une pointe de provocation, il a intitulé un de ses livres « Je suis un écrivain japonais ». Il n’a de cesse de dénoncer « l’outrage géographique ». « C’est une erreur, en littérature, de relier malgré lui un écrivain à son origine », a-t-il dit. Écrivain, il est aussi un grand lecteur et voue un quasi-culte au poète américain Walt Whitman tout en louant l’œuvre de Maurice Blanchot, de Boulgakov, Simenon ou Gombrowicz. À l’Académie française, le romancier a annoncé qu’il ne se présenterai pas « comme le défenseur d’une langue, d’une région, d’une manière d’être. La langue est à tout le monde ». Il a reçu le prix Médicis en 2009 et le Grand Prix du livre de Montréal pour son roman « L’énigme du retour », qui raconte son retour en Haïti après la mort de son père. — Retrouvez ce texte sur FRANCE 24. source:http://parolenarchipel.com

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