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mercredi 17 juin 2015

Aux Etats-Unis, la militante blanche qui se faisait passer pour noire s’explique


« Etes-vous afro-américaine ? – Je m’identifie comme noire. » Au cœur d’une polémique aux Etats-Unis pour s’être fait passer pour noire pendant des années alors qu’elle est blanche, Rachel Dolezal s’est expliquée pour la première fois, mardi 16 juin, à la télévision nationale. Figure locale de la lutte pour les droits des Noirs à Spokane (dans l’Etat de Washington), Mme Dolezal a démissionné lundi de la direction de la branche locale de la NAACP — la grande organisation pour les droits des Noirs vieille de 106 ans — après que ses propres parents, blancs tous les deux, ont révélé la supercherie. Depuis, la presse américaine et les réseaux sociaux tentent de comprendre les raisons de ce que certains qualifient de « tromperie », tandis que d’autres parlent de profonde confusion identitaire. « Les choses sont plus complexes que la vérité » Lors de son interview, la militante a affirmé s’identifier comme noire « depuis [son] plus jeune âge » : « Je dirais que cela a commencé vers l’âge de 5 ans. Je me dessinais avec un crayon marron, pas un crayon couleur pêche, avec des cheveux noirs bouclés. » Lorsque l’interviewer lui présente une photo d’elle à 16 ans, cheveux blonds et peau blanche, elle concède que la jeune fille sur le cliché est « identifiable en tant que blanche par ceux qui la voient », sans plus d’explications. La jeune femme a par ailleurs reconnu ne pas avoir rectifié par le passé des articles de presse la qualifiant de métisse, « parce que les choses sont plus complexes que la vérité ou le mensonge à un moment donné ». Quant à sa peau plus bronzée aujourd’hui que sur ses photos d’enfance, Mme Dolezal a répondu prosaïquement qu’elle « n’évitait pas le soleil ». « Ma vie a été une survie et ce que j’ai fait tout du long, y compris mon identification, a été fait pour survivre », a-t-elle ajouté sans plus de détails. Depuis que ses parents Lawrence et Ruthanne Dolezal, du Montana (ouest), ont révélé la supercherie la semaine dernière, l’histoire personnelle de la jeune femme a émergé : son adolescence dans le Mississippi où elle côtoie quotidiennement la culture noire, ses études à la Howard University, grande université noire de la capitale, ses années de militantisme dans le nord-ouest du pays. Parents inquiets Mais aussi quelques détails troublants : une bataille pour la garde d’un de ses quatre frères noirs adoptés par ses parents, un ami noir qu’elle fait passer pour son père, ou encore une plainte classée sans suite pour discrimination raciale anti-Blancs. Ses parents ont indiqué mardi sur Fox News, après l’interview de leur fille, être « inquiets du niveau de malhonnêteté dont Rachel fait preuve ». La sincérité de son engagement convainquait peu mardi des sociologues experts sur les questions d’identités raciales, interrogés par l’AFP. Charles Gallagher, qui dirige le département de sociologie à La Salle University (Pennsylvanie), estime que cette histoire est « une diversion au simple fait que l’Amérique reste un pays où le privilège blanc et le racisme sont la norme ». Plonger à ce point dans une identité noire « sape l’excellent travail qu’elle a fait » pour la cause noire, a ajouté G. Reginald Daniel, de l’université de Californie, « cette posture d’imitation et d’appropriation finit par être irrespectueuse ». Source: Le monde

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