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jeudi 20 août 2015

Crise entre Haïti et la République dominicaine


Haïti crie au secours devant la communauté internationale face au rapatriement malhonnête et au traitement inhumain que subissent des dizaines de milliers de personnes nées en République dominicaine. La communauté internationale ne peut pas se taire quand des familles se divisent arbitrairement et que des enfants de tout âge sont séparés de leurs parents et conduits à des postes frontaliers, elle ne peut garder le silence lorsque des personnes ont vu leur force de travail exploitée pendant plusieurs décennies et qu’un beau jour on leur demande de débarrasser le plancher sans avoir la possibilité de toucher une pension, ni le droit de récupérer leur maigre patrimoine. C’est en ces termes que le président de la République d’Haïti s’est adressé à la communauté internationale au cours du 36ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernements de la CARICOM le vendredi 3 juillet 2015. Car c’est dans l’indifférence totale de la communauté internationale que la République dominicaine est en train de bafouer les droits élémentaires de plusieurs milliers de Dominicains d’origine haïtienne, en les rapatriant dans un pays qu’ils ne connaissent et en les dépouillant de tout ce qu’ils possèdent au moment de leurs déportation. Cette crise haïtiano-dominicaine est une crise pluridimensionnelle qu’Haïti ne doit pas aborder avec légèreté, car elle emportera avec elle des conséquences économiques, sociales et culturelles incommensurables. C’est face à cette situation effroyable et monstrueuse que le président haïtien Michel Joseph Martelly, faisant l’objet de nombreuses critiques de l’opposition une semaine après avoir minimisé la crise migratoire entre Haïti et la République dominicaine au Champ de Mars, a décidé de hausser le ton, en dénonçant le rapatriement dans des conditions inhumaines de plusieurs milliers de personnes depuis le 17 juin 2015, date de l’échéance du plan national de régularisation des étrangers (PNRE). M. Martelly a en effet sollicité l’intervention de la communauté internationale, malgré son laxisme, en vue de forcer la République dominicaine à revenir sur la table des négociations afin de trouver une issue à la crise. Rappelons que le désaccord entre les deux pays qui partagent l’île d’Hispaniola a été déclenché en octobre 2013, quand la plus haute juridiction dominicaine a décidé dans un arrêté (Cour constitutionnelle dominicaine, arrêté 168-13) que ‘’les enfants nés dans le pays de parents étrangers n'ont pas la nationalité dominicaine". Une décision rétroactive à 1929 qui a, de facto, rendu apatrides plus de 250.000 dominicains, principalement nés de parents haïtiens. Dès lors les personnes concernés se trouvent dans une situation extrêmement complexe : les autorités dominicaines ignorant l’étendue du problème jouent le jeu du rapatriement volontaire, déstabilisant ainsi Haïti, un pays qui n’arrête jamais d’être confronté à des embarras de toutes sortes qui l’empêchent de dominer la misère. Les autorités dominicaines promettent de ne pas organiser de rapatriement massif et de ne pas violer les droits des expatriés dominicains ainsi que des migrants haïtiens. Or, le constat est tout à fait à l’opposé, car depuis le mercredi 17 juin 2015, date de l’échéance du plan national de régulation des étrangers (PNER), des milliers d’Haïtiens ont rejoint les postes frontaliers haïtiano-dominicains, pour retourner volontairement à Haïti ; d’autres, surtout les dominicains de parents haïtiens, plus nombreux que les premiers ont, en revanche, été arrêtés et conduits manu militari aux frontières. C’est le cas de Miley da Benacio, jeune fille née en République dominicaine, contrainte aujourd’hui de vivre en Haïti : elle a été expulsée par l'armée de son propre pays. A 29 ans, c'est contre son gré qu'elle découvre Haïti, le pays d'origine de ses parents, décédés il y a plusieurs années. Elle a déclaré que ses parents vivaient illégalement en République dominicaine en omettant de faire le nécessaire pour régulariser sa situation. Ne connaissant pas Haïti, la jeune femme se dit prête au suicide. Triste situation : le gouvernement haïtien n’a pas su accueillir avec dignité les expatriés.
L’Etat haïtien, le secteur privé, le Forum économique, les élites intellectuelles, la classe bourgeoise et même la Communauté internationale, de fait, n’ont pas manifesté face à ce drame un intérêt majeur. Il faut une véritable entente entre tous les secteurs d’Haïti afin d’accompagner les Dominicains dénationalisés en République dominicaine et les Haïtiens rapatriés, ni complices ni responsables de leurs situations. Ce sont des victimes des politiciens haïtiens qui refusent de prendre leurs responsabilités depuis si longtemps. Une entente difficile car les intérêts en jeu sont très divergents, mais un front commun est indispensable pour que Haïti renaisse de ses cendres. Pour cela, nous devons apprendre à aimer Haïti et les Haïtiens. Pourquoi nos individualismes forcenés nous font –ils abandonner l’intérêt de la nation ? A nous d’imaginer l’accueil de nos frères expatriés, leur intégration parmi nous, le partage de notre travail. Ansanmansanm, nou ka konstwi yon demokrasi solid. Et vive Haïti ! France, le 07 07 2015 wendyphele@yahoo.fr

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